Le loup gris d’Europe (source Parc National du Mercantour)
On ne peut pas vous laisser partir dans nos sauvages montagnes du Mercantour sans vous faire un briefing sur le loup, l’ennemi juré de l’homme mais qui suscite la curiosité du randonneur. Oui, vous allez partir à l’aventure sur des sentiers loin de tout, et, cerise sur le gâteau, ou loup sur le chemin, épié par une meute de loups se pourléchant les babines en attendant que vous perdiez votre route. Mais rassurez-vous, grâce à Itinerance, les itinéraires de nos randonnées sont bien décrits ( en voici un exemple ), le portable passe partout, et comme maintenant tout le monde l’a compris, le loup vous craint bien plus que vous ne le redoutez. Que l’on se le dire d’emblée, vous ne risquez pas de rencontrer un loup…sauf hasard rare et qui devrait vous réjouir. Oh la chance que nous n’avons pas encore eue, nous qui arpentons les montagnes. du Mercantour depuis 30 ans! Nous avons eu le mérite d’en voir un, fouillant les poubelles d’un gîte en bord de route, au crépuscule. Aucune gloire à en retirer. Et son regard lourd de reproches de le déranger dans son festin ne nous hante pas les nuits de pleine lune! Qui pourrait prétendre organiser des rencontres au sommet avec des loups ! Mais avez-vous vu le film «  la vallée des loup »? Si oui, vous avez pu voir avec quelle abnégation il a fallu maintes ruses, privations, observations patientes pour le côtoyer. Une étrange attirance anime l’homme envers le loup. Certainement d’anciennes peurs ancestrales, le mythe du loup n’a pas fini de faire parler le petit chaperon rouge. Les contes de Perrault ont terrorisé de nombreux enfants mais les famines anciennes , les temps jadis ont laissé des traces dans l’inconscient collectif.

Cependant, l’homme aime avoir peur. Il n’y a qu’à voir quand on parle du loup, l’étincelle d’intérêt teintée d’effroi qui s’allume au fond de l’oeil. On adore frissonner, on rêverait entendre le loup hurler dans les montagnes du Mercantour, tout en étant confortablement installé au fond de son lit et non au fond des âges! Le loup représente la vie sauvage qui n’existe plus beaucoup. On a cette nostalgie de l’homme dans la caverne pour qui les problèmes étaient vitaux mais clairement identifiables. Car quelles sont nos peurs désormais : peur de la maladie, du coronavirus, de la vieillesse, du chômage ,de l’accident de la route, mais la peur du loup est un peur noble, une peur reconnaissable et puis une peur ancienne qui a été assimilée par notre inconscient. Aimer avoir peur du loup est donc une invitation des territoires du Mercantour. Venez-donc avoir la trouille mais hélas pour vous, ce ne sera que fantasme car le loup ne s’y trompe pas. Il a lui aussi appris à connaitre les rouages psychologiques des humains et n’a aucune intention de l’approcher. Il s’est inscrit en lui une vieille méfiance. Et puis, de belles et grasses brebis, faciles à attraper viennent passer tous les étés en montagne. Plus facile que la faune sauvage des grands ongulés qui est leste et vive.

L’ habitat du loup dans le Mercantour

Le loup d’ Europe est habituellement un animal de couvert forestier. Dans le Mercantour son territoire actuel, de 8 à 10 000h, s’étage entre1000 et 2200m d’altitude. Pour faire simple, son habitat est celui de son garde-manger, on appelle cette spécificité du loup sa plasticité (non pas neuronale ) mais écologique. Que ce soient les fonds de vallées ou les crêtes ouvertes, les forêts sombres ou les landes arrives, il sait rôder furtivement. Demandez à Cedric Robion, l’accompagnateur en montagne spécialiste de l’affût en montagne quelle patience il lui a fallu pour rapporter de magnifiques photos, témoignages exceptionnel de la vie du loup dans le Mercantour. Car le loup est en action tout au long de l’année. Sa vision nocturne lui permet de chasser la nuit comme tous les animaux nyctalopes. Dans la pénombre, il ne perçoit pas les couleurs mais les formes. Il peut parcourir une trentaine de kilomètres en une nuit! Profitez de l’expérience de Cédric pour participer à nos stages de découverte de la faune qu’il encadre avec enthousiasme et professionalisme.
Le loup n’attaque pas l’homme :
Le randonneur n’a rien à craindre du loup qui s’en éloigne systématiquement. Aucun incident ou accident n’a jamais été confirmé par les habitants des régions où cet animal a toujours subsisté (Europe de l’Est, Italie, Espagne). Le statut d’espèce protégée, une pression humaine moins forte, l’augmentation des populations d’ongulés sauvages sont des facteurs favorables à un retour du loup (canis lupus) dans les zones qu’il occupait jadis. Sa présence a modifié les modes de garde des bergers nécessitant l’équipement en chiens “ patous”, cabanes pastorales et la mise en place d’un système de compensation. Attention aux Patous, bien plus dangereux que les loups!
Apparu sur terre avant l’homme, le loup actuel est le résultat d’une évolution lente de l’espèce depuis près de deux millions d’années. Il appartient à la famille des Canidés comme le renard et le chien domestique dont il est probablement l’ancêtre sauvage.

Une recolonisation naturelle dans le Mercantour

La population de loups en Italie est estimée entre 300 et 400 individus. À partir d’un noyau résiduel dans les Abruzzes au Sud-Est de Rome, les loups italiens ont repris progressivement leur place au cours des 20 dernières années dans la chaîne montagneuse centrale. Ils ont réapparu récemment au Nord de Gênes puis de Savone et vers Cunéo en contiguïté géographique avec le massif du Mercantour. Sur le territoire français, la 1ère observation directe de loups a eu lieu en novembre 1992 entre les vallées de la Tinée et de la Vésubie.

Description du loup

I l n’existe pas de grandes différences de taille entre les individus mâles et femelles longueur totale maximale : 140 cm. Hauteur au garrot : 60-70cm. Poids : de 18 à 38 kg.
La tête est triangulaire avec deux grandes plages blanches depuis le nez jusque sous les yeux. Les oreilles sont plutôt rondes, pas très grandes et toujours en mouvement. Elles ne sont jamais portées totalement droites comme chez le chien. Le poil est de couleur gris à fauve, variant selon la saison et le sexe. Une raie très foncée marque le dessus des pattes avant et la ligne du dos. La queue touffue est sombre sur le dessus et à son extrémité, portée à l’horizontale ou pendante mais jamais recourbée et en panache. La distinction entre le loup et le chien est difficile à faire. Sa tête est lus large que cele du chien et ses oreilles plus écartées et plus petites Le comportement du loup, animal sauvage, d’allure souple, extrêmement discret, méfiant et prudent, observateur et attentif à tout ce qui l’entoure, peut aider à la détermination.

Vie sociale et reproduction du loup dans le Mercantour

Il vit en groupe familial ou meute de 4 à 6 individus comprenant le père, la mère, les jeunes de l’année et généralement les jeunes de deux ans. La reproduction n’a lieu qu’une fois par an, au printemps. Peu de louveteaux atteignent l’âge adulte et les adultes eux-mêmes ne vivent pas très vieux (dix ans en moyenne).
Son alimentation :
Le régime alimentaire du loup est très large avec une dominante d’ongulés sauvages mouflons, chamois, sangliers, cervidés) et une préférence pour les animaux jeunes ou âgés.Il peut se nourrir également de lapins, rongeurs, oiseaux, insectes, fruits (Jusqu’à 65% de sa prise alimentaire en été). Les études conduites en Italie depuis des années ont démontré que seulement 6% des proies capturées étaient des animaux domestiques. Le loup ne chasse que pour s’alimenter et non par jeu. Les captures sont réalisées sur un ou deux animaux, généralement isolés, qui sont consommés dans les heures qui suivent. Son rôle de régulateur sur la faune sauvage doit être souligné. Il lui arrive aussi d’éliminer certains renards, des chiens errants et des charognes. Il est donc utile et c’est pour cela qu’il est protégé par des réglementations internationales et nationales.

Le pastoralisme et le loup :

Le Parc National du Mercantour , territoire sauvage par excellence, a toujours affirmé sa volonté de maintenir un soutien aux activités d’élevage et au pastoralisme, indispensables à l’économie des vallées et à la diversité biologique et paysagère. Le métier de berger en montagne est reconnu unanimement comme une profession difficile et la réapparition du loup va amener indéniablement des contraintes d’exploitations supplémentaires, alors que la situation économique des producteurs est déjà tendue. C’est pourquoi, les pouvoirs publics se doivent de prendre toutes les mesures de prévention et de compensation des dommages qui seraient occasionnés aux troupeaux par le loup. Les constats et observations réalisés au cours de l’été 1993, ainsi que dans les pays où le berger cohabite avec le loup (Italie, Espagne), ont montré qu’une surveillance régulière et renforcée des troupeaux diminue les risques, le loup consommant de préférence la faune,sauvage. Les dommages sur les troupeaux domestiques doivent être différenciés des attaques de chiens errants, véritables fléaux qui affolent, blessent et tuent de nombreuses bêtes.

L’aide aux bergers :

Des aides techniques et financières sont possibles pour faciliter la gestion des alpages et le gardiennage des troupeaux : cabanes, points d’eau, parcs de couchage, renforcement des moyens de surveillance.
Afin de prévenir les attaques sur les animaux domestiques, des conseils et des mesures peuvent être proposés (comme par exemple l’acquisition de chiens de protection spécialisés, les patous ou montagne des Pyrénées). Une mortalité anormale, signalée en temps voulu et reconnue imputable au prédateur par un agent assermenté, donnera lieu à compensation selon un barème établi avec des représentants de la profession agricole.

Les patous :

Ce sont les chiens de la race Montagne des Pyrénées pour la protection des troupeaux utilisés par les bergers pour leur comportement de défense vis à vis du loup. Il convient d’avoir un comportement humain adapté au chien pour qu’il comprenne que vous n’êtes pas un danger pour ses brebis. Lors du briefing de randonnée, nous vous distribuons un manuel  » comment se comporter en randonneé face à un patou.