Sous-tourisme dans le Mercantour : la réalité méconnue d’une vallée en quête de visiteurs.
Sur tourisme ou Sous-tourisme dans le Mercantour?
Ces derniers temps, plusieurs articles de presse comme « Libé » : https://www.liberation.fr/environnement/biodiversite/ils-veulent-une-nature-cote-dazur-dans-le-mercantour-la-biodiversite-derangee-par-les-touristes-en-crocs-20240719_6MW6XTZUFFGZPKLL5JWXZZONSM/
ou « Les échos’ : https://www.lesechos.fr/pme-regions/provence-alpes-cote-dazur/surtourisme-le-mercantour-reduit-la-taille-des-parkings-1415810
ou encore « Le figaro » ou Nice-Matin qui communique régulièrement sur le sujet,
ont mis en lumière le problème du surtourisme dans le parc national du Mercantour. Si certains sites emblématiques voient effectivement affluer les visiteurs en grand nombre, il est important de rappeler que ce phénomène n’est pas uniforme dans toute la région. Le Tour de France a traversé certaines zones mais d’autres heureusement ont pu éviter « l’after du Tour » avec ses caravanes publicitaires jonchant les bas côtés des routes de divers objets en plastique souvent des déchets provenant de Chine et que notre société de consommation appelle goodies mais qui n’ont rien de good pour la nature!
Au contraire, notre haute vallée du Var, située au cœur du Mercantour, vit une réalité bien différente : celle du sous-tourisme. Ne cherchez-pas ce mot-clé, il n’existe par sur Google. Par contre, le thème du Sur tourisme a beaucoup été sélectionné cette année par les journalistes en quête de sensationnel. C’est un sujet récurrent chaque été qui ressort car il saupoudre de souci écologique et environnemental au même titre que la fonte des glaciers ou la température exceptionnelle de la Méditerranée ou encore comment ne pas abuser de la climatisation. Hélas pour l’image du Parc National du Mercantour écornée par cette affirmation de sur tourisme, il nous faut affirmer haut et fort que toutes les vallées ne sont pas envahies par des cohortes de visiteurs en-dehors de 15 jours au mois d’août, ce qui ne permet pas aux professionnels d’effectuer une saison correcte.
La haute vallée du Var : une vallée en manque de visibilité et de fréquentation
Alors que l’on parle de surtourisme, notre vallée souffre d’un manque de visibilité et d’une fréquentation touristique insuffisante. Ici, les randonneurs se font rares et ceux qui fréquentent nos sentiers s’émerveillent justement de ne rencontrer personne, loin des files de randonneurs à la queue leu leu du tour du Mont Blanc par exemple!
les gîtes peinent à remplir leurs chambres, et les commerçants voient leurs espoirs d’une saison prospère s’amenuiser . Cet écart entre l’image générale du Mercantour et notre quotidien a un impact direct sur notre économie locale, déjà fragile.
Un écotourisme authentique mais méconnu:
Nous avons pourtant tout mis en œuvre pour attirer un tourisme respectueux de l’environnement, axé sur l’écotourisme. Nos sentiers de randonnée offrent des panoramas exceptionnels, loin de la foule. Les produits de nos agriculteurs locaux, que l’on retrouve sur les marchés ou dans les assiettes des restaurants, sont issus d’une agriculture raisonnée, respectueuse des cycles naturels et des ressources de notre territoire : le yaourt de brebis de Chateauneuf d’Entraunes le pain au feu de bois, les produits régionaux vendus à la coopérative de Guillaumes, les légumes de nos jardins. Nos hébergements, souvent gérés par des familles de la région, proposent une immersion authentique dans la vie montagnarde.
L’étonnement des habitants face au manque de reconnaissance
Malgré ces efforts, notre vallée reste en retrait, invisible aux yeux de nombreux voyageurs. Cette situation crée une frustration croissante parmi les habitants, qui voient passer ces articles sur le surtourisme sans comprendre pourquoi cette problématique ne nous concerne pas. Loin de nous l’idée de vouloir un afflux massif de touristes qui dénaturerait notre environnement et notre mode de vie, mais nous aimerions simplement que notre vallée soit reconnue pour ce qu’elle a à offrir.
Attirer des visiteurs conscients pour un développement durable
Il est temps de faire entendre la voix des « oubliés » du Mercantour, ces territoires qui, comme le nôtre, aspirent à un développement touristique mesuré et durable. Nous ne demandons pas une publicité tapageuse ou une surfréquentation qui mettrait en péril nos écosystèmes. Ce que nous souhaitons, c’est attirer des visiteurs conscients, désireux de découvrir nos trésors cachés, de partager notre culture, et de contribuer à la pérennité de notre vallée si nous voulons garder une économie active et donner envie à des jeunes de s’installer et de dynamiser nos villages avec des idées innovantes.
Rééquilibrer le tourisme dans le Mercantour:
Ce sous-tourisme dont nous souffrons n’est pas une fatalité. Il est encore possible de rééquilibrer les choses, de faire connaître notre vallée comme une destination idéale pour ceux qui cherchent le calme, la nature préservée, et l’authenticité. Les visiteurs que nous espérons accueillir ne viendront pas pour consommer rapidement un paysage avant de repartir, comme le font les motards qui allègrement font vrombir leurs moteurs que l’on entend aux fins fonds des sommets et des vallons, qui s’arrêtent boire une bière ou plusieurs et repartent sans avoir envie de s’imprégner de notre mode de vie ni de découvrir nos montagnes.
Promouvoir un écotourisme réfléchi dans le Mercantour
En conclusion, alors que certains sites du Mercantour doivent gérer l’afflux massif de visiteurs, notre vallée lutte pour exister dans l’ombre. Il est crucial de reconnaître cette dualité et de travailler à promouvoir un tourisme équilibré, où chaque vallée, chaque village peut trouver sa place et prospérer tout en respectant l’esprit du parc national. En mettant en avant notre engagement pour un écotourisme réfléchi et durable, nous espérons redonner à notre vallée la visibilité qu’elle mérite.